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Critique : The Here After

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Etourdissant premier long-métrage que THE HERE AFTER au fil duquel Magnus von Horn nous immerge littéralement dans un combat entre culpabilité et jugement. Mettant en scène le retour à la réalité d’un adolescent à sa sortie d’un centre fermé, le film nous plonge dans un microcosme révélateur en bien des points de la « condamnation sociale » tout en transcendant, grâce à l’approche esthétique induisant un singulier huis-clos, une pluralité de ressentis. Renversant.

« Tu verras, ça va bien se passer. »

Après avoir purgé une peine de détention de deux ans, John retourne vivre chez son père. L’adolescent retrouve les rails d’un quotidien jusqu’alors suspendu, retrouvant son frère, son chien, mais aussi son ancienne école – un choix qui étonne la directrice de l’établissement et auquel se plie John. Aspire-t-il à un nouveau départ que les habitants des environs condamnent sa libération et le lui font comprendre…

The Here After

D’emblée Magnus von Horn ouvre une double dynamique consistant à nous fondre au point de vue de John tout en l’observant. La première séquence du film nous confronte à la sortie du centre. Les gestes sont simples et retenus, esquissant une tension dont nous ne prenons pleinement la mesure que lorsque la géographie du lieu – cadenassé – est révélée. A priori une respiration, nous redoutant soudainement – comme John – l’ouverture vers l’extérieur. Les échanges entre l’adolescent et son père paraissent-il alors banals que la passivité du fils est lue comme de la défiance par un père décidé à asseoir son autorité.

Le retour ne se passe pas sans heurts. Un constat établi graduellement, entre les regards posés sur John, la volonté du père d’établir sa « souveraineté » ou les commentaires du jeune frère. Si le foyer constitue un axe narratif riche à travers les relations entre John, son père, son frère et bientôt son grand-père (une ligne narrative a priori secondaire qui se révèle des plus éclairante), l’extérieur devient rapidement un terrain de conflit où le protagoniste témoigne d’une questionnante passivité. Agressé par une femme qui tente de l’étrangler dans un super marché et bientôt harcelé à l’école, John demeure placide. Mais a-t-il d’autre choix ?

The Here After

Le scénario est habile, nous immergeant dans une réalité trouble (un microcosme reflet du monde), Magnus von Horn en dessine peu à peu les contours nous conduisant à partager l’émoi de John et de ses proches tout en nous interrogeant sur les faits qui ont conduit à son incarcération. Au contraire des habitants décidés à ne pas lui pardonner – et à remettre en cause le jugement établi et théoriquement « socialement » résolu –, nous appréhendons son parcours au regard d’une subjectivité dictée par le réalisateur, et nourrie par une approche réaliste stupéfiante à la fois sensible et oppressante.

Assurée par Lukasz Zal, la photographie conduit à une forme particulière de huis-clos transcendant tout à la fois l’enfermement psychologique de John et l’oppression subie tant par lui que par ses proches (à l’instar de son père). Le cadrage participe au-delà à la dynamique (contrastante et contrastée) d’empathie et de distanciation nous conduisant à partager le trouble de John comme de son père (loin d’être secondaire) tout en demeurant les témoins d’un théâtre foncièrement abjecte qui n’offre pas à l’adolescent de possibilité de rédemption.

Comme lui nous demeurons stoïques avec pourtant l’envie de crier, de gueuler notre malêtre tandis que le film se meut proprement en une fable pittoresque au coeur de laquelle les notions de transmission, d’hérédité et de société sont mise en exergue avec brio.

THE HERE AFTER
Efterskalv
♥♥♥
Réalisation : Magnus von Horn
France / Pologne / Suède – 2015 – 101 min
Distribution : Imagine Film
Drame

Cannes 2015 – Quinzaine des Réalisateurs
Lauréat Scope 100

TheHereAfter_Affiche 70x100The Here After


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